L’AFRIQUE FANTÔME

Sous-titre : (De Dakar à Djibouti, 1931 – 1933)
Auteur : LEIRIS  M.
Type d’ouvrage : Ouvrage généraliste ou thématique
Éditeur : Librairie Gallimard NRF – Les documents bleus – Paris, 1934. Broché, in-8, dimensions: 14.4 x 22.7 cm
Contenu : 530 p., 1 carte, 32 planches photographiques hors texte de la mission Dakar-Djibouti
Informations complémentaires : édition originale, Achevé d’imprimé en janvier 1934 (portant la mention fictive de « 3e édition » dans l’année de parution). Cette première édition de 1934 fut condamné à la destruction et pilonnée par décret du 17 octobre 1941 sous le régime de Vichy. Ce qui fait de cette édition un livre historique !
Carnet de route intimiste de la mission ethnographique Dakar-Djibouti qui traversa l’Afrique d’Ouest en Est de mai 1931 à février 1933. Ouvrage épuisé, devenu rare et très recherché des collectionneurs et des surréalistes.
État de l’ouvrage : Très bon état

UGS : Réf. 10/303-[608] Catégories : , Étiquette :

Description&nbsp

Avec l’appui de Georges Henri Rivière, sous-directeur du Musée d’ethnographie du Trocadéro depuis 1929, Leiris est officiellement recruté, en janvier 1931, par Marcel Griaule en tant qu’homme de lettres et étudiant en ethnologie faisant fonction de secrétaire archiviste de la Mission ethnographique la « Mission Dakar-Djibouti ». Bien qu’il n’ait pas de formation d’ethnologue, l’intérêt qu’il a montré au cours de sa collaboration à la revue Documents pour les relations entre les sciences sociales et le marxisme lui vaut d’avoir été choisi pour cette expédition, une place dans celle-ci, que Luis Bunuel a dédaignée, restant disponible. Michel Leiris tient le journal de bord de cette mission, publié sous le titre de « L’Afrique fantôme », dont la tonalité est de plus en plus personnelle et intime.

La mission comprend, en 1931, six personnes : Marcel Griaule (chef de la mission), Marcel Larget, un naturaliste, chargé de l’intendance et second de la mission, Leiris, Éric Lutten (enquêtes sur les technologies et prises de vue cinématographiques), Jean Mouchet (études linguistiques) et Jean Moufle (enquêtes ethnographiques). Plus tard, André Schaeffner (musicologue), Abel Faivre (géographe et naturaliste), Deborah Lifchitz (1907-1943), linguiste, et Gaston-Louis Roux, recruté sur la recommandation de Leiris comme « peintre officiel de la Mission » chargé d’étudier et collecter des peintures éthiopiennes anciennes et d’en exécuter des copies. À ces personnes, il est essentiel d’ajouter Abba Jérôme Gabra Mussié, un grand lettré éthiopien qui sera à la fois l’interprète et l’informateur principal de Leiris à Gondar.

De retour à Paris, il a du mal à se réadapter à la vie parisienne. Il habite encore — avec sa femme — chez sa mère, rue Wilhem.

Il se met à étudier l’ethnologie en suivant les cours de Marcel Mauss à l’Institut d’ethnologie, puis prend la responsabilité du Département d’Afrique noire du Musée d’ethnographie du Trocadéro (ancêtre du Musée de l’Homme).

Il fait un trait, comme Paul Nizan (dans Aden Arabie), sur le voyage comme mode d’évasion, en signant « L’Afrique fantôme » : monumental journal de voyage dans lequel il détourne les techniques d’enquête et de retranscription ethnographiques pour les appliquer à la description du quotidien et des conditions de travail de l’équipe de chercheurs. La publication de ce texte dans la collection « Les documents bleus » chez Gallimard en 1934 provoque la rupture avec Marcel Griaule qui craint que la révélation des méthodes brutales utilisées pour la collecte de certains objets sacrés ne porte atteinte à la réputation des ethnographes.

= Ces notes – prises au cours de l’expédition ethnographique et linguistique dirigée par Marcel Griaule de Dakar à Djibouti et publiées quasi sans révision – ne sont pas un historique de cette mission. Simple journal intime. « On trouvera qu’en maints endroits je me montre particulièrement, chagrin, difficile, partial – voire injuste – , inhumain (ou « humain, trop humain »), ingrat, faux frère, que sais-je ?. Mon ambition aura été, au jour le jour, de décrire ce voyage tel que je l’ai vu, moi-même tel que je suis… » [Michel Leiris a dit.]

Loin de la poésie exotique à laquelle on pourrait s’attendre alors de la part de Leiris, « L’Afrique fantôme » est un journal qu’il tint de 1931 à 1933, alors qu’il participait en amateur à une mission ethnographique et linguistique entre Dakar et Djibouti. Ces notes « impressionnistes » constituent un document subjectif sur l’Afrique noire d’avant-guerre et sur l’état de la Colonisation dont Leiris ne dénonce que les abus les plus criants. Une telle subjectivité portait atteinte à la politique coloniale de la France, et voilà pourquoi la première édition fut pilonnée par décret du 17 octobre 1941 ainsi que Leiris s’en explique dans la préface de la seconde édition. Comme l’écrit Michel Waldberg (in Chemins du surréalisme) Leiris appartint à la première assemblée surréaliste, dès 1925. Maurice Henry, peintre, dessinateur, constructeur d’objets, rentra plus tardivement dans le groupe (1933) après avoir animé la revue « para-surréaliste » Le Grand Jeu, avec Daumal, Gilbert-Lecomte et Sima. Henry donnera en 1958 un recueil de dessins, préfacé par Queneau, et caricatures des écrivains du temps : Leiris fait évidemment partie de cette belle galerie ; il y est représenté, assis dans la jungle africaine, le cœur grand ouvert. C’est à ce dessin que Leiris fait allusion dans sa dédicace.

Information complémentaire

Poids 1010 g
Dimensions 14.4 × 22.7 cm