CENTRES DE STYLE DE LA SCULPTURE NEGRE AFRICAINE – [Vol. I]

Description&nbsp

Dans cette oeuvre l’auteur, Carl Kjersmeier, s’appuyant sur la documentation fournie tant par les musées que par les traités spéciaux, se propose de donner une présentation de l’art plastique des tribus nègres africaines chez lesquelles, par la qualité ou par la quantité, la vie artistique a atteint un tel développement qu’un style propre s’en dégage.
Au cours d’une expédition en 1931-32 en Afrique occidentale française, l’auteur a visité plusieurs des tribus traitées dans le présent livre – les Bambara, les Malinké, les Ouassoulou, les Habbé, les Baga, les Bobo, les Tourka, les Mossi, les Senoufo, les Semou et les Samo. De ces régions assez peu étudiées jusqu’ici, il a rapporté une série d’oeuvres typiques et rigoureusement locales sur la signification et l’emploi desquelles il a recueilli, dans toute la mesure du possible, les explications des indigènes.
Par son texte et ses illustrations, l’oeuvre achevée – qui comptera en tout quatre volumes – constituera un manuel utile pour les études futures de la sculpture nègre africaine. La bibliographie générale sera donnée dans le dernier volume.
Ce premier volume contient quarante-huit pages de texte et soixante-quatre planches, desquelles quarante-sept reproduisent des oeuvres de la collection de l’auteur. Chaque pièce sculptée est magistralement reproduite dans les planches.

La cause de l’art nègre ne serait-elle pas gagnée, qu’un volume tel que celui-ci suffirait à vaincre les dernières résistances. La beauté de certains cimiers de casques bambaras, pour ne prendre qu’un exemple, où le sculpteur a joué avec un art exquis de la courbe des cornes d’antilope, comme ses devanciers millénaires sur les vases de Suse, parle d’elle-même, et n’a pas besoin d’être démontrée. L’instinct de ces « peuples de la nature » qui, partis de l’expérience sensorielle, recréent un monde de formes nouvelles mais inspirées, leur génie spontané de l’abstraction et du style ouvrent des abîmes devant la pensée. Qu’à tout instant, en feuilletant cet album, on reconnaisse les modèles qu’ont eus devant les yeux les plus avancés de nos peintres et de nos sculpteurs, il y a de quoi faire douter de l’audace de ceux-ci. Il y a loin de l’impromptu de ces conceptions aux variations laborieuses qu’ont jouées sur ces thèmes des super-civilisés en mal d’ingénuité… ou de scandale. Mais laissons ces comparaisons qu’on accusera d’être volontairement désobligeantes. Le don primitif de créer apparaît ici dans une incomparable splendeur. L’auteur de ce livre a fait un choix sagace parmi la récolte qu’il a rapportée de ses voyages. Ce premier recueil nous conduit en Mauritanie, au Sénégal et au Niger: au Soudan, chez les Bambara et les Habbé; en Guinée, chez les Baga et les Kissi; sur la Côte d’Ivoire, chez les Bobo, les Senoufo, les Baoulé et les Dan.
Un texte bref met de l’ordre dans nos impressions. L’analyse et le jugement sont mesurés et sages, mais lorsqu’on a donné la palme à l’art bambara, on en a presque regret en contemplant un masque baoulé. Les planches sont fort belles, grâce d’abord à l’habileté extrême du photographe.