Description 
Les velours du kasaï, brodés en territoire kuba, portent un dessin géométrique complexe, riche d’un grand nombre de combinaisons savantes. Ils sont généralement bien représentés dans les collections ethnographiques, en particulier par celles du British Museum et du Musée de Tervuren. Une des tribus kuba, celle des shoowa, était restée à l’écart des préoccupations des ethnologues, et sa broderie, son unique pratique créatrice, était connue seulement de quelques collectionneurs. C’est pourtant cette tribu qui a porté le dessin géométrique rectiligne d’Afrique équatoriale à son sommet : une création plastique servie par des artistes. Les broderies étaient jadis l’oeuvre des femmes enceintes. Elles servent de dot, de monnaie et constituent une richesse. Elles peuvent être cousues en ensembles qui forment des robes d’apparat. Elles sont offertes aux morts. La broderie shoowa est, pour l’essentiel, absente des collections publiques. Elle n’a jamais été présentée. Elle l’est, ici, par un ensemble de la plus haute qualité provenant des collections privées importantes. Georges Meurant se consacre à l’étude du dessin géométrique. Il a reconstitué la morphogénèse de celui des kuba à travers la broderie shoowa qui en rassemble la plus large variété dans des expressions qui témoignent d’une parfaite maîtrise des phénomènes optiques dont ce genre de dessin se nourrit. Ce dessin appartient à un moment culturel dont les traces subsistent dans la plupart des sociétés, enraciné dans le paléolithique et se développant au néolithique des débuts de la vannerie. L’auteur s’attache à la lecture de ce dessin selon le sens de son tracé. La rencontre de ce sens est celle d’une pensée universelle. Elle répond à un regain d’intérêt qui se fait jour tant pour l’art abstrait que pour la découverte de profondes racines culturelles.