Description 
L’Auteur, Jean Hurault, nous expose en préambule dans son introduction que :
« Les populations dites Bamiléké du Cameroun ont fait l’objet de plusieurs ouvrages contenant des renseignements précis sur leur origine, leur histoire, et l’organisation de leurs chefferies. Toutefois, aucune étude approfondie de leur système de parenté et de leur structure sociale n’avait pu être entreprise jusqu’à ces dernières années. En 1955, à l’occasion d’une mission de l’Institut Géographique National effectuée en vue du complètement de la carte, nous nous sommes efforcés de jeter les bases de cette étude, en nous limitant aux chefferies de la subdivision de Bafoussam.
La principale difficulté de cette étude est la grande variabilité des coutumes d’une chefferie à l’autre; il n’y a pas deux chefferies identiques; chacune forme un univers indépendant ayant ses lois, sa structure, ses croyances, sa langue. Un même schéma se devine partout, mais il est difficile de le dégager d’une riche floraison de coutumes purement locales.
Devant ces difficultés, nous avons conduit l’enquête de la façon suivante :
– partir dans toute la mesure du possible des faits observés, et non d’un interrogatoire théorique: chez les Bamiléké, comme partout en Afrique Noire, il y a une coutume théorique, qu’on obtient facilement par l’interrogatoire; et il y a ce qu’on fait réellement, qui est profondément différent. Cette coutume réelle, la plupart des informateurs, même les meilleurs, n’en ont pas clairement conscience; il faut la dégager d’une somme de faits soigneusement observés.
– étudier parallèlement plusieurs chefferies, au moins deux. Les faits qui n’ont pas de correspondance nette de l’un à l’autre peuvent être regardés comme secondaires.
Les chefferies étudiées ici sont Njo (Bandjoun) et Tè (Batié) groupant respectivement 30.000 et 7.000 personnes.
Les langues parlées dans ces deux groupements diffèrent assez sensiblement. Nous avons fait suivre de (N) les expressions relatives à la langue de Bandjoun, de (T) celles relatives à celle de Batié.
Quand rien n’est spécifié, les faits relatés sont semblables dans les deux chefferies et les expressions qui les désignent à peu près identiques.
Depuis la première rédaction de cette étude en 1956, les événements ont marché vite. Les institutions traditionnelles des chefferies Bamiléké ont été presque partout renversées, et l’on ne peut dire ce qui en subsistera, quand la période troublée aura pris fin.
Nous n’avons pas cru néanmoins devoir modifier notre rédaction, et nous avons laissé l’exposé au présent, bien qu’il se rapporte à des coutumes maintenant en grande partie altérées ou disparues; il conserve une valeur de témoignage.
Cet ouvrage a bénéficié des entretiens que nous avons eu en 1956-59, dans le cadre d’une étude sur la langue de Bandjoun, avec MM. Fokam-Kamga Paul, Jean Tamokoué Kamga, Fotso Dieudonné et Foalem Fotso Joseph. Ils nous ont apporté d’utiles compléments, notamment en ce qui concerne la coutume familiale. »